La maison d'Alibert ... une maison d'artiste !

Publié le par Phil

 

Et oui, cette maison, c’est une maison qui a une histoire, une maison qui a une âme … une maison d’artiste ! La maison d’Alibert, chanteur d’opérettes marseillaises de l’entre deux guerres …

 

alibert01Il est vrai que les jeunes générations ne connaissent plus vraiment, mais pourtant, c’était quand même un peu le « Johnny » de l’époque ! La « Star » des opérettes marseillaises, qui a immortalisé des airs que l’on connait encore … « le plus beau Tango du Monde », « Mon Paris », « Adieu, Venise Provençale », « Les Pescadous » ou encore la célèbre « Cane, Cane, Cane, Canebière ! » ...

 

Vous trouverez, un peu plus loin, quelques éléments plus précis sur la vie et l’œuvre d’Alibert … mais auparavant j’ai commencé à rassembler ici toutes les petites histoires qui le relient à la vie du village. C’est qu’il a vécu ici des années 30 à la fin de la guerre, et les anciens du village se souviennent encore de cette période … alors des anecdotes, nous en avons recueilli ! Après, lesquelles tiennent de la légende, lesquelles sont réelles … c’est une autre affaire ! Il faut sans doute faire la part des choses, mais certaines histoires se recoupent, et d’autres ont été confirmées par des historiens locaux … Alors, prêt pour un petit voyage dans le temps ? Destination « années 30 », attention, embarquement immédiat ...

 

La "Cansounette"

 

Cadran-Solaire-G.jpgNé à Carpentras, Henri Allibert passe l'essentiel de son enfance à Avignon, mais après le divorce de ses parents, il rejoint chaque été son père, désormais agriculteur, dans sa ferme de Loriol. Sans doute la raison de son retour, quelques années plus tard, après avoir rencontré le succès à Avignon, Marseille ... et Paris ! Il rachète alors de nombreux arpents de terre sur une colline dominant Loriol, "le Devès". Une trentaine d'hectares de terres agricoles dont il confie l'exploitation à son voisin, Henri Fabre. C'est sa femme, Antoinette, la fille de Vincent Scotto, qui nomme ainsi la maison, "la Cansounette" : la petite chanson ... Ils font également installer le cadran solaire qui est toujours au dessus le l'entrée principale, orientée plein sud, avec les mots de Frédéric Mistral "Lou Soulèu me fai canta" (Le soleil me fait chanter) ...

 

La rénovation « Années Folles »

 

A l’époque, la maison était encore une vieille ferme dont les premières traces semblent remonter aux environs de 1830 … Lorsqu’Alibert la reprend, il entreprend de grands travaux de rénovation, d'après les plans de son beau-frère, Léopold Busquet, architecte dépatremental de Vaucluse, et lui donne ce style très particulier, très « années folles », avec ses grandes ouvertures, son alcôve cintrée à l’entrée et ses escaliers … un style totalement différent des autres mas de la région et qui lui confère, aujourd’hui encore, ce petit côté véritablement atypique.

 

Les travaux vont durer plus de trois ans ! En effet, le matin, « Monsieur » dort ; les travaux ne peuvent donc démarrer avant 10 heures … et ils doivent cesser à 16 heures, car alors, l’artiste répète ! L’étage est alors accessible par un escalier extérieur, et la pièce la plus à l’est (actuellement une cuisine) est un garage, dans lequel Alibert gare sa Bentley.

 

L’histoire du belvédère

 

Les gravats issus du chantier sont amassés à l’ouest, où Alibert fait dresser un véritable belvédère avec une vue dégagée sur les Dentelles de Montmirail, la vallée du Rhône et les Cévennes à l’horizon. Aujourd’hui, le belvédère s’est un peu affaissé, et la forêt a repris le dessus sur la vue, mais il nous a été rapporté qu’Alibert faisait tirer de vrais feux d’artifices depuis ce belvédère ! Les anciens du village se souviennent même que les 14 juillet, Alibert s'amusait à tirer des feux plus imposants que ceux du village ! A en juger par les verres et flacons que nous avons retrouvé un peu en contrebas, dans la forêt , il a effectivement dû y avoir de belles fêtes, et bien arrosées … A l’époque, une table en pierre trône au milieu, un peu comme une table d’orientation avec un réverbère rivé au centre de celle-ci. Il n’y en a malheureusement plus de trace, sinon sur un dessin d’époque dont nous avons pu retrouver une copie.

Vue Belvédère 1930, sans forêt G

 

Voici donc la vue que l'on pourrait récupérer à l'ouest, vers la vallée du Rhône et les Cévennes, du côté des couchers de soleil ... C'est un dessin qui a été fait à l'époque d'Alibert, ou juste après. Depuis, les arbres ont poussé, et le lampadaire, ainsi que son socle, ont disparu. Mais le belvédère est encore là, même s'il mériterait d'être un peu redressé ... On reconnaît facilement le clocher de Loriol, au centre du tableau, et les contreforts des Dentelles, sur la droite. Ne reste plus qu'à couper quelques arbres pour retrouver cette vue !

 

Fêtes, bals, concerts, et … peoples !

 

Parfois appelée la « Villa » ou « le Château », la maison est bien connue des Loriolais pour ses festivités diverses et autres réjouissances : outre les feux d’artifices, la ferme située juste à côté est aussi le cadre du célèbre « bal des fraisières » de l’époque. On parle aussi d’un concert mémorable, donné à Loriol, à l’occasion de la fête votive de la Saint Pierre, en 1938, et qui attira au village une foule considérable ! Enfin, Alibert est à l’époque une immense star à Paris, et il invite régulièrement ses amis provençaux dans sa propriété Loriolaise pendant les vacances.

 

Piscine---puits-G.jpgC’est ainsi que Raimu, Fernandel ou Pagnol auraient disputé avec Alibert de fameuses parties de pétanque dans « l’allée des pins », et auraient profité de ce qui fut l’une des premières piscines comtadines de l’époque !

  

Aujourd'hui remise en état et équipée d'un filtre à sable, d'une pompe et d'un skimmer, elle garde un certain charme rétro dû à sa configuration octogonale et son escalier pour y descendre. De dimensions modestes (4,50 m de diamètre pour 1,20 m de profondeur), pas question bien sûr de faire des longueurs, mais elle reste bien agréable pour se rafraîchir en été. Les enfants parviennent même à y nager vraiment en créant un véritable "tourbillon" !

    

C’est finalement vers la fin de la guerre, en 1944, qu’Alibert se résout à vendre à la famille Daucy sa propriété Loriolaise pour se consacrer notamment à son théâtre des 2 ânes, à Paris.

 

Alibert Pochette Un de la CanebièreAlibert, la Voix du Soleil

 

Pour en savoir plus sur Alibert, voici ce qu’en dit Jean-Paul Chabaud, dans l’introduction de sa biographie « Alibert, La voix du Soleil », éditée aux Études Comtadines (2006), et qu’il nous a aimablement dédicacée :

 

« Alibert fut l’un des chanteurs les plus populaires de la variété française ! Paris l’a fêté et ses spectacles ont rempli les salles françaises pendant trente années durant, de 1920 à 1950. Diseur, chanteur, imitateur, fantaisiste, acteur de cinéma, meneur de revues, directeur de théâtre, chef de troupe en tournée, notre homme a enregistré de nombreux disques, près de cinq cents, et passait fréquemment à la radio, chantant « en direct » devant les micros… ».

 

Alibert en quelques lignes :

 

A la fois auteur, acteur et chanteur français, Henri Allibert, dit Alibert, est né à Carpentras le 03 décembre 1889, et mort à Marseille le 23 janvier 1951. Après quelques premiers pas dans la chanson à Monteux, Avignon et Marseille, il monte à Paris dès 1908 où il fait entendre son accent du midi à Bobino, et obtient dans ses revues un succès populaire important en tant que fantaisiste dès la fin de la première guerre mondiale. Tout s'accélère en 1928, quand son beau-père, Vincent Scotto lui donne une chanson, "Mon Paris", qui lui permet de révéler un authentique talent et un charme indéniable. Définitivement lancé, et devenu le « Méridional des Méridionaux », il est demandé partout et devient la véritable vedette des opérettes marseillaises et des nombreux films de l’époque. "Un de la Canebière", son Opérette sans doute la plus célèbre, est rejouée chaque année dans le cadre du Festival Off d'Avignon. 

 

Sources : Jean-Paul Chabaud "Alibert, La Voix du Soleil", Wikipédia.

 

Philippe Comte

06 09 36 10 80

phil.comte@live.fr

 

 

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